France-Soir
le 31 octobre 2025 - 09:59
Washington mise sur Tokyo pour raviver son nucléaire. Le gouvernement des États-Unis annonce un investissement majeur de 80 milliards de dollars pour lancer la construction de dix nouveaux réacteurs d’ici 2030. Dans ce vaste projet, le Japon joue un rôle clé, avec un engagement potentiel de 332 milliards de dollars dans un accord global de 550 milliards de dollars visant à renforcer les infrastructures américaines, incluant la technologie, l’industrie et la production d’énergie nucléaire.
La récente visite officielle de Donald Trump au Japon a marqué un tournant diplomatique majeur entre Washington et Tokyo. Accueilli avec tous les honneurs par la nouvelle Première ministre japonaise Sanae Takaichi et l’empereur Naruhito, le président américain a quitté Tokyo auréolé d’une série d’accords destinés à consolider “l’alliance au plus haut niveau” entre les deux pays et à amorcer un “nouvel âge d’or” des relations nippo-américaines. Au cœur des discussions figuraient le commerce, les lourds investissements japonais attendus sur le sol américain, et la volonté de Tokyo de renforcer son budget de défense face à la montée en puissance de Pékin. Dans ce contexte, des protocoles d’accord ont été signés, concernant les terres rares et surtout, le secteur nucléaire.
Mitsubishi et Toshiba pressentis
Ce rapprochement diplomatique intervient alors que le nucléaire américain opère un revirement stratégique inédit sous le deuxième mandat de Donald Trump. Après une décennie de déclin, de fermeture massive de réacteurs et de mise en concurrence désavantageuse face au gaz de schiste, les industriels du secteur nucléaire entrevoient l’espoir d’une relance. En marge du partenariat américano-japonais, la Maison-Blanche a annoncé le déblocage d’un budget colossal d’au moins 80 milliards de dollars dédié à la construction de nouveaux réacteurs conventionnels, sous l’impulsion de Westinghouse Electric Company.
Cette décision, qui prolonge le décret présidentiel “Redynamiser le parc nucléaire industriel”, doit permettre de lancer dix chantiers de réacteurs d’ici à 2030, dont l’un des principaux buts est de répondre à la demande électrique en raison de l’essor des centres de données et de l’intelligence artificielle.
Lors de son voyage en Asie, le président américain a révélé que le Japon fournirait jusqu'à 332 milliards de dollars pour soutenir un vaste projet de 550 milliards de dollars dédié à l'infrastructure aux États-Unis. La participation japonaise englobe aussi bien le secteur nucléaire que la technologie, l’industrie, l’automobile et l’agriculture.
Quant à la participation précise au projet de Westinghouse, le montant n’a pas encore été communiqué et peut varier selon les négociations entre les groupes industriels concernés.
Plusieurs médias affirment tout de même que Tokyo prendra part à la construction de réacteurs Westinghouse AP1000 et de petits réacteurs modulaires.
Ce sont les entreprises Mitsubishi Heavy Industries et Toshiba qui seront concernées, selon une fiche d'information publiée mardi par les deux pays sur l'accord commercial.
Ce projet constitue un profond changement pour la filière nucléaire américaine, qui n’avait plus construit de centrale depuis 2009, victime de son impopularité et du coût exorbitant des infrastructures, exacerbés par les précédents de Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima. Mais la crise énergétique déclenchée par l’invasion russe en Ukraine et la montée des besoins liés au cloud et à l’IA ont rebattu les cartes.
Trump poursuit sa politique
Depuis son retour à la Maison-Blanche en 2025, Donald Trump poursuit une stratégie commerciale axée sur la conclusion d'accords bilatéraux avec plusieurs alliés pour stimuler les investissements sur le sol américain et rééquilibrer les balances commerciales tout en favorisant la relance industrielle des États-Unis.
L’accord commercial signé entre l’UE et les États-Unis en juillet 2025, bien qu’annoncé comme “un pas important” dans la relance des investissements transatlantiques, a rapidement provoqué une vive controverse en Europe. Il a été largement décrié pour son caractère déséquilibré, imposant notamment une surtaxe de 15 % sur les importations européennes aux États-Unis sans contrepartie équivalente.
En Asie, outre le Japon avec son engagement à investir 550 milliards de dollars dans les infrastructures américaines, Trump a aussi négocié avec la Corée du Sud, le Vietnam et l’Indonésie, imposant des droits de douane plus élevés tout en ouvrant largement les marchés de ces pays aux exportations américaines.
Lors de sa tournée en Asie, Donald Trump a rencontré son homologue chinois Xi Jinping en Corée du Sud et les deux dirigeants ont conclu un accord d’un an, renouvelable, apaisant la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine. Pékin a accepté de suspendre ses restrictions à l’exportation de terres rares, essentielles pour l’industrie technologique et de défense, tandis que Washington a réduit de moitié les droits de douane imposés sur certains produits chinois. Cet accord inclut également des engagements chinois accrus pour l’achat de soja américain.
